jeudi 1 décembre 2011

La palombe bleue

Ah ! cette chasse à la palombe ! Incontournable rendez-vous festif pour tout authentique Béarnais digne d’être initié aux secrets des anciens et apte à se mouler dans le rituel requis par cette école de patience. Et ces palombières vertigineuses, soigneusement entretenues et préparées chaque année dans le plus grand des mystères, comme elles intriguent les néophytes avec leurs échelles dont les derniers degrés chatouillent les nuages. Et ces palombes incertaines qui volent de plus en plus haut dans le ciel d’automne et osent dévier leur route comme des stars qui voudraient se faire désirer. Leurs parties de cache-cache, certaines années, ne manquent d’ailleurs pas d’en accroître la valeur. « Ce qui est rare est cher » … et chair aussi… Et ces rêves de chasseurs qui, à l’affût durant des heures, salivent à la pensée des salmis dont ils se régaleront peut-être, à moins que « faute de grives… », il ne leur reste qu’à noyer leur déception dans quelques verres de pastis bien tassés… Et ce train de nuit qui m’amenait de Paris en Béarn et qui portait ce nom alors si mystérieux pour moi de « Palombe Bleue ». Dans ma couchette, je m’endormais rapidement, bercée par les balancements réguliers de la traction et par le déplacement d’air des nuées de palombes qui défilaient devant mes paupières closes. Tandis que je roulais vers le sud, je me sentais associée à ces migrateurs qui perpétuent une tradition ancestrale en se la transmettant Dieu seul sait comment… Mais à ma descente du train, je savourais ma chance de ne pas être attendue avec un fusil. Françoise Devillers - Coarraze

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