jeudi 15 décembre 2011

Exil

J’ai vécu toute mon enfance à la campagne, élevé par mes grands-parents dans leur petite ferme ; mon terrain de jeu : les bois, les champs, notre rivière, avec le meilleur des complices de ma jeunesse insouciante : le plus merveilleux des grands-pères.
Le lycée, l’internat, les grandes écoles m’ont, peu à peu, éloigné de ce paradis.
Dans le métro du soir, durant le long trajet, ma pensée souvent me ramène au village ; toutes les images, les souvenirs du petit campagnard heureux et choyé me reviennent en mémoire, pêle-mêle : l’assiette de goujons et de pesquits pris au « rapatout » dans les profonds du Lées, notre petite rivière, aidé par notre voisin Lucien, mon grand-père le pantalon retroussé aux genoux. Je sens les tablées de cèpes noirs et le fumet de la daube dans la cocotte en fonte contre les braises de la cheminée ; le parfum du tanat capiteux, à la gourde et… la palombière, objet principal de grand-père. Nous avons vécu là des heures inoubliables : le panorama magnifique sur la plaine du Lées, barré au sud par la masse sombre et changeante de la montagne. L’odeur puissante des fougères, les vols de palombes, si nombreuses que parfois tout le bois en était couvert.
« Je vais t’en faire tirer une, mais ne le dis pas à ta grand-mère !’ Le repas à la palombière était un festin à mes yeux d’enfant ; le pâté de grand-mère sur le torchon à carreaux, posé sur la minuscule table de la cabane…
La rue me happe. Les bruits de la ville, les lumières, la foule sans visage, emmitouflée, se hâte sous le crachin d’automne.
Cette année-là, le long pont de la Toussaint m’a permis de descendre au village. Le lendemain de mon arrivée, bien sûr, nous partons à la palombière. « Nous risquons d’avoir quelques passages de retardataires, le mauvais temps va leur faire quitter les plaines du centre.» La journée fut médiocre, contraire aux prédictions de grand-père. Seules quelques rodeuses sédentaires, insensibles aux appelants ont survolé le bois. Le soir, aux derniers rayons, un immense vol a surgi de l’horizon, très hautes venants des Landes ; grand-père les a suivies du regard, sans un mot, pas un geste pour actionner les cordes des appelants. Lentement, il a pivoté pour les suivre jusqu’à ce que, petit point noir à l’horizon, elles disparaissent devant les cimes enneigées. Longtemps, il est resté immobile, perdu dans le lointain, vers l’infini ; il savait qu’il ne les reverrait plus.
Gilbert Sole - Lembeye

mardi 6 décembre 2011

Les textes du "défi d'écriture" sur la Palombe

Ce blog regroupe les textes recueillis à l'occasion du défi d'écriture "Écrire la palombe" lancé par l'atelier d'écriture "le Rêve et la Plume" en collaboration avec les journaux « la République" et l'Éclair".

Cette proposition d’écriture, intervenue dans une thématique plus vaste « Écrivons nos traditions », a été proposée durant cet automne 2011.

Vous trouverez ci-dessous les textes que nous avons reçus, agrémentés de quelques photos d’automne. Les derniers ptextes de ce blog sont ceux qui ont été publiés dans les journaux

Bonne lecture !

Pantières en Pays Basque

L’idée de l’épervier artificiel naquit dans l’esprit d’un moine en voyant un jour un jeune berger qui s’amusait à lancer du haut d’un rocher élevé de larges pierres plates au passage des vols de palombes ? Ce moine remarqua que les oiseaux, craintifs, se précipitaient au fond de la vallée fuyant ce qu’ils croyaient être une attaque d’oiseaux de proie. Il ne restait plus qu’à fabriquer des disques de bois peints en blanc, plus malléables que des pierres pour obliger les palombes à se rabattre dans une direction déterminée où seraient tendus des filets aux dimensions réglementaires. C’est la naissance des premières pantières connues à ce jour et au nombre de dix. Ce mode de chasse n’a pas varié depuis le moyen âge. Bien connaître la configuration du terrain, lancer les palettes au bon moment, à l’endroit précis, bien utiliser les courants des vents, tout cela avec des guetteurs d’abord, puis les « paletzale », ensuite les « chatarlari » qui agitent leurs drapeaux blancs et enfin les filetiers, précieux pour la réussite de la capture des palombes. Ces hommes « Sarezain » font tout pour qu’elles ne se blessent pas. Mal bleu, Palomite aiguë, vous appelez cela comme bon vous semble… Mais quel régal !!!

Philippe LAFOURCADE - Les Aldudes

Ecrivons les palombes

Octobre, mois des travaux d'automne au jardin. Je sarcle, je taille, je ratisse: j'ai la tête vers la terre, mais je la lève souvent vers le ciel, côté nord: je les attends. A chaque souffle de vent encore tiède, des feuilles sèches tombent, rappelant qu'elles ne vont pas tarder, elles, les PALOMBES !
Je consulte les bulletins de météo. Ils sont tous concordants: après-demain, la pluie arrive, poussée par le vent du nord. Donc, c'est demain qu'elles vont passer, précédant le mauvais temps en s'aidant des courants favorables vers le sud.
J'irai les voir au sommet des collines du Piémont d'Oloron. Les fougères ont rouillé, les bogues de châtaignes tapissent les sols secs d'un été sans fin. Je scrute vers le nord, patiemment.
A l'horizon, un nuage ardoise gonfle; il s'étire, se rétrécit, miroite vers le bleu cendré. Hòu, hilh de pute ! ce sont ELLES ! Mille, deux mille, je ne sais pas. Je sais seulement qu'elles sont à l'heure et qu'elles suivent leur rail séculaire vers les chênes de la Dehesa ibérique.
Je pense aux plus jeunes, nées en Scandinavie, dont c'est la première migration. J'imagine leurs efforts de marathoniens, sous la pression du mauvais temps qui les presse et de la chasse qui les oppresse.
Moi, mon plaisir, c'est de les voir passer ... simplement de les voir passer ... et d'attendre leur retour quand les bourgeons de mars auront éclos. Puissent les enfants de mes petits-enfants s'émouvoir à regarder passer encore ... et encore ... la Palombe Bleue ...

Écrit à Ledeuix, le 13 octobre 2011.
François Rebillard
64400 Ledeuix.

jeudi 1 décembre 2011

Deux Palombes

Bien des chasseurs pensent que leur rôle s'arrête au pied de la palombière et, après avoir déposé avec fierté leur tableau de chasse sur la table de la cuisine, ils comptent sur leur mère ou leur épouse pour préparer un bon salmis. Or, la valeur du chasseur est sublimée si, à l'art de tuer le gibier, il ajoute des talents culinaires, car sa cruelle passion se voit justifiée dans l'élaboration de ce plat savoureux et convivial. Ainsi donc, sans songer au triste destin des palombes qui remplissaient mon assiette, je dégustais les salmis avec lesquels un de mes beaux-frères, seul chasseur de la famille, savait régaler ses convives. Je n'aurais pas eu d'autre relation avec cet oiseau migrateur, qui vient obstinément chaque automne fréquenter nos cieux béarnais, si quelqu'un en guise de remerciement pour un petit service rendu, n'avait un jour d'octobre déposé deux palombes derrière les volets de notre cuisine. Quelle surprise lorsque je découvris sur le rebord de la fenêtre ces deux cadavres me fixant de leurs yeux encore étonnés ! Qu'allais-je faire de ces petits corps raidis, soudain si lourds dans mes mains désorientées ? Après quelques jérémiades libératrices, je me mis au travail, les doigts crispés sur le plumage de la première palombe. Très vite, des nuages de plumes volèrent de tous côtés, envahirent le plan de travail, couvrirent le sol... Changeant de tactique, je décidai de tremper mes victimes dans de l'eau chaude, hélas un peu trop, car, dans mes mains les plumes restèrent alors accrochées à des lambeaux de chair ! Je refoulai des larmes de honte et de dépit et, pensant que toute connaissance passe par l'inexpérience et la maladresse de la première fois, je décidai d'user de persévérance dans l'effort... Il me fallut beaucoup de dextérité pour déshabiller les deux volatiles, mais je découvris leur habit élégant, doux et protecteur ; il me fallut beaucoup d'abnégation pour vider les entrailles des palombes enfin dénudées, beaucoup d'hésitations pour les découper en morceaux et beaucoup de patience pour obtenir ce qui me sembla la cuisson idéale, mais quelle ne fut pas ma satisfaction lorsque je reçus des compliments pour «ma» recette !

MClaude Petchot - 0ctobre 2011 - Ger

Lou paloumayre

Ce soir nous chanterons sa gloire
Oh Paloumayre, prépare ta palombière
L'écho de ton marteau résonne jusqu'au fond de la vallée
Quand tu grimpes dans les arbres attache-toi avec des cordes
Au pied de I'arbre, ton compagnon t'assure
Que de sueur, que de labeur pour I'entretien de ton poste
Oh Paloumayre, oh Paloumayre, oh Paloumayre

À la Saint-Michel, là-haut, dans les feuillages,
Tu monteras tes appelants
Vois-tu les vols de palombes qui ondulent dans la vallée
De l'aube au crépuscule tu tiendras ton poste, Paloumayre
La saison s'annonce bonne, fructueuse,
Ce soir des palombes gonfleront ta gibecière
Oh Paloumayre, oh Paloumayre, oh Paloumayre

Que de repas tu partageras avec tes compagnons
Que de complicité, que de plaisir
Déjà la Saint-Martin, la saison se termine
Tu ramènes tes appelants à la maison
Le vent du Nord fait passer les derniers vols
Tu jetteras un dernier coup d'œil dans la vallée
Aurébédé Paloumayre, ce soir fait des rêves bleu
Oh Paloumayre, oh Paloumayre, oh Paloumayre

MICHEL BELLOCQ

Palombe

Bel oiseau bleu,
Se laisse porter par les vents,
Vole de toute son énergie
À toute vitesse,
Vers des airs plus chauds,
Au-dessus d’un monde coloré
De jaune d’or, de brun fauve,
De brins d’herbe humides
Vert mousse,
Ou du bleu profond des océans.
Traverse le monde,
Migre vers mille autres paysages,
À tire d’aile, libre comme l’air,
Mais fidèle au terroir,
Sait qu’elle reviendra,
Ici même, l’an prochain.
Vaillante, à la poursuite du soleil,
Vole par millions ou esseulée,
Se pose et se repose,
Pour des étapes obligatoires,
Sous l’œil émerveillé de l’homme,
Qu’elle fait rêver.
Fuit le gel mortifère,
Retrouve vite le chemin,
Le temps presse,
Suit sa trajectoire sous les feux du soleil,
Et, prend la poudre d’escampette,
Avant que ne l’atteigne la foudre d’escopettes
De l’homme malade de fièvre bleue !

M. C. - Idron

La palombe bleue

Ah ! cette chasse à la palombe ! Incontournable rendez-vous festif pour tout authentique Béarnais digne d’être initié aux secrets des anciens et apte à se mouler dans le rituel requis par cette école de patience. Et ces palombières vertigineuses, soigneusement entretenues et préparées chaque année dans le plus grand des mystères, comme elles intriguent les néophytes avec leurs échelles dont les derniers degrés chatouillent les nuages. Et ces palombes incertaines qui volent de plus en plus haut dans le ciel d’automne et osent dévier leur route comme des stars qui voudraient se faire désirer. Leurs parties de cache-cache, certaines années, ne manquent d’ailleurs pas d’en accroître la valeur. « Ce qui est rare est cher » … et chair aussi… Et ces rêves de chasseurs qui, à l’affût durant des heures, salivent à la pensée des salmis dont ils se régaleront peut-être, à moins que « faute de grives… », il ne leur reste qu’à noyer leur déception dans quelques verres de pastis bien tassés… Et ce train de nuit qui m’amenait de Paris en Béarn et qui portait ce nom alors si mystérieux pour moi de « Palombe Bleue ». Dans ma couchette, je m’endormais rapidement, bercée par les balancements réguliers de la traction et par le déplacement d’air des nuées de palombes qui défilaient devant mes paupières closes. Tandis que je roulais vers le sud, je me sentais associée à ces migrateurs qui perpétuent une tradition ancestrale en se la transmettant Dieu seul sait comment… Mais à ma descente du train, je savourais ma chance de ne pas être attendue avec un fusil. Françoise Devillers - Coarraze

Quand passent les palombes

Au-dessus des plaines, des coteaux et des brumes,
Des bois jaunissants et des villes fourmilières,
Contre le vent du sud qui hérisse les plumes,
Passent les oiseaux, pour l’exotique croisière.

Migrateurs aguerris et jeunes de l’année,
En groupes réguliers ou bien en francs-tireurs ;
À tire d’aile, franchissent les Pyrénées ;
Guettés par l’autour qui surveille les hauteurs.

Passereaux multiples, pigeons et tourterelles,
Taillés pour l’espace et la fuite saisonnière,
Grands voiliers du nord ou rapides hirondelles,
Méfiez-vous des pièges et des filets, des pantières !

Nombre de citadins, bergers ou vendangeurs,
Lorgnant les palombes aspirées par les cols,
Éprouvent tout à coup la fièvre du chasseur,
Quand au petit matin se succèdent les vols.

Venues du fond du ciel, parfois les grues cendrées
Stoppées dans leur élan, arrêtent la cadence,
Cherchent le bon vent, planant comme des bondrées,
Avec des cris perçants, aux rauques résonnances.

L’escadrille, flèche vivante et obstinée,
Pointe vers le sud, aux tropiques fabuleux ;
Alors le sédentaire, à la glèbe enchaîné,
Frissonne, en la suivant longtemps, longtemps des yeux.

Maurice Deschamps - Lescar

Le bonheur du posé

J. St J. passa la porte du café de la place centrale de Nay dans lequel nous avions rendez-vous. Il était un peu en retard, tout essoufflé. - Navré, me dit-il, malgré le temps, je viens de passer à la palombière, c’est ce qui m’a retardé ! Nous étions début novembre 1983, il faisait gris et brumeux, avec un léger crachin. Un vrai temps de novembre. - Oui, en regardant la météo hier, mes copains ont décrété que les palombes ne passeraient pas. Je ne sais pas pourquoi, j’avais l’intuition inverse. Mais ils n’ont rien voulu entendre. Il s’interrompit comme un café arrivait et finit de s’installer. Il poursuivit alors. - Le temps ce matin semblait leur donner raison, mais j’ai quand même voulu aller voir. Un sourire commença à poindre. Il poursuivit. - Je suis monté en haut de la palombière. Le temps était très couvert, mais assez vite, au loin, j’ai vu venir un premier vol. Tout seul, forcément, j’ai manœuvré les appelants et je suis arrivé à le faire se poser devant moi. Un peu plus tard, un autre est venu, puis un troisième. J’ai de nouveau réussi à en faire poser un. Ses yeux brillaient de plaisir. Un plaisir calme, serein, accompli. Il finit. - Je n’ai pas tiré. Je n’avais même pas amené mon fusil ! Christian Garrabos - Billère

La palombe

Toi, l’oiseau bleu,
Qui traverse nos cieux,
Souvent tu nous fais les doux yeux,
Mais gare à l’arme à feu,
Qui peut te couper en deux,
Te faire retourner dans ton milieu.
On finir en salmis, c’est encore mieux.
Les pays chauds t’appellent,
Et toi, d’un coup d’aile,
Cette barrière, il faut la passer !
Cette muraille, c’est les Pyrénées.
Mais à force, tu vas y arriver,
Car le vent tu le connais,
Les couloirs, tu vas t’y engouffrer,
Mais méfie-toi des filets,
Des chasseurs embusqués,
Du faucon dont tu es une proie appréciée.
Des yeux, tu en fais lever,
Des congés tu en fais poser,
Sans parler des RTT.
Des gens par milliers,
Attendent ton arrivée.
Tu sais le challenge à relever,
Mais malin comme tu es,
Sur la mer tu vas survoler,
Ce sera un joli pied de nez.
À tous ceux qui de toi, la nuit ont rêvé.
Et si par malchance, cet obstacle tu ne peux passer,
Des réserves pour toi ont été créées,
Avec à boire et à manger,
Alors, pourquoi t’en priver ?
Mais çà, sur tes « fiches », tu le savais,
Surtout ne dépasses pas les limites, car jamais,
Dans les pays chauds, tu ne pourras retourner,
Le chasseur à l’affût t’aura visé,
Et dans sa gibecière, ta vie sera terminée.
Tu finiras en civet avec peut-être des bolets.
Toi qui depuis l’aube auras entraîné
Des hommes épuisés, crevés, lessivés,
Mais le regard heureux,
Celui d’avoir chassé « l’oiseau bleu ».
Et si la chance aujourd’hui, n’était pas avec eux,
Demain, dans le grand ciel bleu,
Ils seront plus nombreux.
Ta vie à çà de malheureux,
C’est que tu les rends « fous furieux »,
Mais surtout amoureux de cette couleur « gris bleu »
Qui déchaîne en eux,
Cette passion, cette lumière qui brille dans leurs yeux.
À oiseau merveilleux, chasseurs heureux.
Bougrain, Mamère anxieux ?
St Josse radieux !
C’est aussi çà, l’amour du bleu.

YVES LAULHERET - Pietat

La relève

Il est cinq heures du matin quand j’arrive enfin. Je gare ma voiture le long de la prairie. Chaussant mes bottes je commence à la traverser. Sur ma droite se trouve la caravane que mon père, quelques années auparavant, avait fait installer avec tout le confort nécessaire. Aujourd’hui, c’est mon frère qui l’occupe la moitié de l’année, car, depuis peu, il est à la retraite. Toutes les lumières sont éteintes, il doit encore dormir. La brume recouvre la prairie, j’ai du mal à apercevoir l’entrée de la forêt, par là où, enfants, nous passions. Il faut dire que je ne suis pas un féru de la chasse à la palombe et qu’il y a bien longtemps que je n’étais pas venu. Une fois à l’intérieur de la forêt, je suis le sentier jusqu'à la fameuse échelle qui me mènera à quinze mètres au dessus du sol dans la palombière. Je commence mon ascension, me rappelant à mi-parcours la voix de mon père, qui plusieurs fois, m’avait intimé l’ordre de ne plus bouger, un vol étant en approche. Je finis par arriver au sommet et soulève la trappe. Celle-ci me mène à un espace où sont entreposés vaisselle, couverts, bouteilles et affaires diverses. Quelques marches au-dessus se trouvent les appelants. Ce sont des pigeons auquel's mon frère à blanchi les ailes à l’eau oxygénée, servant à attirer les palombes sur les cimes des arbres. Finissant d’ouvrir le dernier battant, je suis une fois de plus stupéfait par la beauté du paysage. Le soleil pointe le bout de son nez et transforme cette immensité noire en une merveilleuse vague verte qui s’étend à perte de vue. Je commence à comprendre le plaisir que devaient ressentir mon père et mon frère. Scrutant l’horizon, je vois au loin une tache sombre. Fort heureusement, mon frère vient d’arriver et prend le relais, relevant le battant. Une lucarne nous sert maintenant d’objectif. Me demandant de prendre les ficelles des appeaux, il lâche les appelants. M'ordonnant de tirer un coup à gauche, un coup à droite. Ça avait l’air de marcher. Après deux tours au-dessus de nos têtes, le vol se pose enfin. À ce moment-là, mon frère ayant déjà pris son fusil tire deux coups ! Il me demande de descendre ramasser les deux palombes qu’il vient de toucher. Au milieu de la descente, mon frère m’ordonne de ne plus bouger, un autre vol étant en approche. Cela me fait sourire. Cette fois-ci, il est seul aux commandes. Une autre détonation, une autre palombe. Je retrouve les trois palombes encore toutes chaudes. C’est à ce moment-là que je comprends la passion qui animait mon père, mon frère et un jour, sans doute, mon neveu. Levant les yeux au ciel, je me dis que mon père devait nous regarder avec fierté sachant que la relève est assurée. Edy Caza - Aste Béon

Mon oiseau bleu

Mon oiseau bleu à collerette blanche
Dans le ciel bleu du mois d’octobre
Tu es revenue dans nos forêts
Du haut de ma palombière
Dès que je t’aperçois, je te montre mes beaux appelants
Combien de fois tu es venue te reposer dans les grands chênes
Combien de fois tu es partie en direction des Pyrénées
Ces Pyrénées, elles sont belles,
Elles sont bleues comme toi mon oiseau bleu

Oh ! Ma palombe, belle palombe
Bel oiseau bleu à collerette blanche
Que tu es beau mon oiseau bleu

Du haut de ma palombière, je t’ai souvent surpris dans mes grands chênes
Combien de fois je t’ai cueilli comme un fruit mûr dessous mes chênes
Combien de fois ton doux plumage je l’ai lissé et caressé
Combien de fois les paloumayres t’ont fermé dans leurs filets mon oiseau bleu

Oh ! Ma palombe, belle palombe
Bel oiseau bleu à collerette blanche
Que tu es beau mon oiseau bleu

Aujourd’hui dans ma palombière, je reçois mes amis
Ils sont venus se réchauffer
On a beaucoup parlé de toi mon oiseau bleu
On a même fait un concours de roucoulage
Tu nous répondais dans les grands chênes
Quand soudain un épervier vient à passer
Et tu t’enfuis à tire d’ailes vers les Pyrénées
Pour t’accompagner dans ton long voyage
On va chanter tous en chœur, pour toi mon oiseau bleu

Oh ! Ma palombe, belle palombe
Bel oiseau bleu à collerette blanche
Que tu es beau mon oiseau bleu
Mon oiseau bleu

Michel BELLOCQ

Les voyageuses

Accoudée à la fenêtre de ma chambre, au soleil, je regarde ce paysage d’automne, si beau, si doux, si chaud pour un mois de novembre. J’admire les arbres recouverts de leur parure bronze clair, dorée, jaune or. Certains, même, ont des feuilles vertes et le cerisier est en fleurs. Tout cela donne un automne féérique. Subitement, dans le silence un léger bruit de papier froissé, timide, vient troubler le calme qui m’entoure. Je lève les yeux vers le ciel bleu, sans nuages. Dans les rayons du soleil, un groupe de palombes aux ailes argentées vole dans un joli désordre. Je songe qu’elles ont un courage extraordinaire, elles ont faire des milliers de kilomètres pour trouver un peu de chaleur. J’ai envie de leur crier : « Faites attention en traversant les Pyrénées, les chasseurs vous attendent, ils ont tendu de grands filets, volez le plus haut possible pour les éviter. » Hélas, elles ne peuvent m’entendre et certaines seront piégées, d’autres auront la chance d’en réchapper ! J’en veux à ces hommes qui vont se glorifier de leurs prises, c’est à celui qui en attrapera le plus. Et leurs femmes vont faire des concours de cuisine, avec des recettes toutes différentes, toutes aussi bonnes. Autour de la table ne seront que des claquements de langue et des félicitations. En les regardant s’éloigner, je pars dans un rêve qui les amènera dans un pays chaud, où il n’y a pas de chasseurs, ni de gourmets. Au contraire, dans ce pays de rêve on les aime bien vivantes, on leur donne de la nourriture, on leur permet de faire le nid et de fonder une famille. Ensuite, elles apprendront à leurs petits à voler et à partir le moment venu. À leur tour, ils feront des milliers de kilomètres et essaieront d’arriver à destination. Monique Hourcade - Jurançon

La reine d'octobre

Trésor volant qui ensorcelle,
L’oiseau bleu nous laisse rêveur.
Dans le ciel d’octobre, à tire-d’aile,
Dans le ciel des grands voyageurs,
La palombe est l’échappée belle.

Elle vole vers la chaleur,
Guidée par un instinct rebelle
Au grand froid et à ses rigueurs.
Sous les ciels cléments qui l’appellent,
Elle apprécie des jours meilleurs.

Parfois, loin du soleil d’Afrique,
Dans notre Béarn tempéré,
La palombe, en un coin magique,
Vit un séjour inespéré,
Baigné de douceur édénique.

Dans son abri, trompe-la-mort
Le chasseur habile stratège,
À l’oiseau voue un mauvais sort.
Le migrateur déjoue le piège,
Vers le ciel prend son bel essor.

Adieu au salmis qui s’envole
Et disparaît à l’horizon !
Tandis qu’un gourmet se désole,
La palombe, en ses frondaisons,
Au chaud de l’hiver, batifole.

R. Laborie

Le dernier rendez-vous

Comme tous les jeudis de cet automne-là, j’avais pris, à Garlin, la route humide, glissante et sinueuse de Castetpugon. Comme tous les jeudis, j’avais regardé vers la réserve au bord du Leez, puis j’avais grimpé la côte rude de Portet , le cœur plein d’amour et d’appréhension. Et cet après-midi-là, j’avais accompagné mon père jusqu’à sa palombière, dans le bois de Lavielle. Nous avions descendu le chemin à pas lents. De temps en temps, il s’arrêtait pour me désigner un arbre où se posaient parfois les palombes, où son chien, un jour, avait levé une bécasse, où enfin il avait raté une occasion magnifique. Je le savais, ces arrêts étaient des prétextes pour se reposer un peu et reprendre son souffle. À mi-côte, nous quittâmes le chemin pour nous enfoncer dans le sous-bois. Le soleil faisait miroiter les feuilles roussies et dorées de cette fin octobre. L’air se fit plus lourd et nous eûmes presque trop chaud tout à coup sous nos vestes de chasse. Soudain, l’espace s’élargit et la palombière nous apparut, avec son entrée mystérieuse, camouflée sous les fougères fraîchement cueillies. C’était toujours pour moi une émotion de retrouver cet abri, ce refuge sylvestre propice aux rendez-vous avec la nature, les oiseaux, les migrations. Je vis, sur un arbre tout proche, les câbles et les ficelles des appeaux que son ami Claude installait quelquefois tout là-haut dans les branches. Avant de s’engouffrer sous la voûte de fougères, mon père s’arrêta, comme pour vérifier que tout était bien en place et regarder une dernière fois le ciel bleu, là-bas sur le Vic-Bilh. Nous parcourûmes le long couloir, troué çà et là de rais de lumière, dans l’odeur prégnante des fougères. Quand nous fûmes arrivés à l’endroit où les couloirs se croisent, mon père s’assit sur son tabouret et je grimpai dans la petite tour de guet. De mon observatoire, je scrutai fiévreusement les branches des chênes au-dessus de nous. Un coup de fusil au loin fit s’envoler quelques palombes. Elles voletèrent un peu puis se reposèrent. J’essayai, en vain, de les distinguer entre les feuilles. Un avion passa, qui provoqua lui aussi un émoi et quelques bruissements d’ailes. Soudain, un petit vol arriva vers nous et quelques-unes vinrent se poser au-dessus de la cabane. Mais elles voletaient de branche en branche, inquiètes, nerveuses, insaisissables. Nous n’osions même plus chuchoter de peur de les effrayer. Un coup de fusil les fit toutes s’envoler dans un bruissement de soie déchirée. Le scénario se reproduisit une ou deux fois, faisant battre nos cœurs, puis tout se calma. Il était temps de rentrer. Une dernière fois mon père embrassa du regard les arbres, le ciel, la forêt, tout ce qui avait été la passion de sa vie. Après quelques pas, je pris son fusil, trop lourd pour son dos fatigué et ce faisant, j’endossai toute sa peine et sa douleur, pour moi. Fin février, alors qu’il allait la quitter pour toujours, les grues vinrent dessiner de grands cercles au-dessus de la maison comme pour le saluer et annoncer le retour des migrations. Christiane Pelay

Les vols de palombes

Samedi matin, nous devions aller pêcher au bord de la mer sur les rochers. Déjà, au petit matin des bruits de fusillade m’avaient réveillée. Les hommes étaient sortis sur la terrasse et là nous entendîmes des cris enthousiastes, le ciel était noir de palombes. Ils se sont extasiés toute la matinée, la tête en l’air, comptant les oiseaux, se racontant des souvenirs de chasse et oubliant nos projets. Un moment, j’ai regardé avec eux. C’est vrai que c’est joli toutes ces palombes, mais il y avait aussi le vol gracieux des mouettes qui tournoyaient et qui les laissait complètement indifférents. Indifférents aussi à l’élégance majestueuse du milan qui planait bien au-dessus de nos têtes, indifférents également à ces reflets d’argent sur les ailes des avions. Les vols se sont succédés toute la journée et ont animé notre ballade de l’après-midi. Et encore, au crépuscule, juste avant que le soleil ne disparaisse à l’horizon, ils regardaient le ciel. Je n’ai pas encore compris l’enthousiasme et le bonheur que suscitaient ces centaines de petits points noirs dans l’azur profond au-dessus de nos montagnes, ni tous les rêves qu’ils emportent avec eux. Nadine Ba - Orthez

Histoire naturelle du pigeon ramier

Une tête fine et un corps dodu, un front bombé, un plumage gris bleuté par endroits teinté de brunâtre, ou pourprés. Des yeux vifs qui voient venir de loin les dangers aériens, des ailes marquées d’un croissant blanc caractéristique, des pattes courtes aux doigts longs pour se brancher avec aisance. RINGELTAUBE en allemand, WOOD PIGEON en anglais, Palombe dans notre Sud-Ouest, PALOMA TORCAZ en espagnol, le PIGEON RAMIER de son nom scientifique a inspiré vocables, légendes, traditions, chants et usages au gré des latitudes et des accents. Philippe LAFOURCADE - Les Aldudes

Sauvetage

Ma mère est native de Malaussanne, un charmant petit village près d'Arzacq . Tous les ans au mois d'octobre, nous allions passer quelques jours chez mes grands-parents qui avaient une ferme entourée de champs de maïs. Non loin de là, mon père avait installé sa palombière dans l’une des forêts que mon grand-père possédait. Il était indispensable pour moi de profiter de ces moindres escapades étant donné que mon père prenait tout le mois d'octobre pour la chasse à la palombe. Laissant ma mère et mes grands-parents en grande discussion, je partais me promener avec comme unique consigne de ne pas aller trop loin. L’automne était ma saison préférée : l’odeur des sous-bois, les feuilles des arbres avec des reflets dorés ou encore le chant du coucou et du pic vert marquant le tempo. J’arrivais dans un champ de maïs fraîchement coupé, il restait encore plein de grains par terre. Je décidais de faire une halte et de jouer avec. Le paysage s’étirait à l’infini et le soleil déclinant doucement offrait à l' œil une couleur miel. Je m’amusais avec les grains de maïs quand tout à coup, je vis apparaître un vol de palombes. Je reculais doucement jusqu'à la lisière du bois. Elles firent un premier passage au dessus de ma tête, puis un second. Elles se posèrent enfin dans le champ juste devant moi. Comme elles étaient belles, fines et racées. Ne pas bouger ! Elles se nourrissaient des grains qui jonchaient le sol, levant la tête à chaque bruit. Je restais là admiratif par tant de beauté, quand apparut un scintillement. Je compris vite que c’était un chasseur prêt à faire feu. Sans attendre, je bondis de ma cachette. Les palombes s’envolèrent d'un seul bloc. Continuant ma course folle, je les observais filant comme l’éclair dans le sens opposé du chasseur. J’avais réussi mon coup. Arrivant, essoufflé, mais heureux, ma mère me demanda qu'elle bêtise j’avais encore pu faire. Je lui répondis, seulement, que j’avais peur qu'elle me gronde, ne sachant pas combien de temps j’étais parti. Elle me prit dans ses bras et me fit un gros câlin. Fermant les yeux, je repensais à toutes ces palombes que je venais de sauver. Edy Caza

ça tire

La palombe bourrée de plombs
Dans l'air s'arrête de battre.
Son bourreau vient de l'abattre
Avec cet art de trop d'aplomb !

Grégor Huet

Religion Palombe

Ce que je connais de la palombe, je le dois à mon grand-père. Il attendait cette période de chasse, comme moi j’attendais les vacances scolaires. Comme tous les enfants, j’étais très sensible au fait qu’on tue des animaux, mais lui ne tuait que des palombes. J’ai en souvenir ces après-midi entiers qu’il passait dehors, par n’importe quel temps, le froid, la pluie… Il rentrait après la tombée de la nuit, souvent sans rien, mais heureux parce qu’il avait vu un vol, ou un chevreuil, ou un écureuil ou un rouge-gorge qui s’approchaient de son abri sous un grand houx. Quand, par chance, il en rapportait une, il la plumait lui-même, doucement pour ne pas déchirer la peau fine. Je regardais ces belles plumes grises, aux reflets mauves et bleus, le collier blanc, qui faisait dire à mon grand-père qu’elle était jeune. Je l’interrogeais sur ces paupières mi-closes qui couvraient une partie des yeux noirs, et grand-père disait en souriant qu’elle était morte avant d’avoir eu le temps de les fermer, qu’elle n’avait pas souffert. Il m’expliquait le grand voyage des palombes qui aiment le soleil et vont là où elles en trouvent. Ici, elles ne font que passer. Elles se posent pour récupérer, pour manger des glands ou du maïs et passer la nuit avant de repartir. « C’est là que je les attends au poser, mais elles sont très malignes, très méfiantes, il ne faut pas un bruit, pas un mouvement, il faut être prêt. C’est comme une partie de cache-cache. Tu sais, avoir une palombe ça se mérite, moi, je ne triche pas, je ne les appelle pas, je ne les attire pas dans un filet. C’est juste entre elles et moi. Des fois je gagne, mais souvent je perds. C’est la règle du jeu… » Quand il y avait suffisamment de palombes, grand-mère nous préparait son salmis, c’était un festin. Je me souviens que je mangeais plus de carottes que de viande, mais que c’était bon ! Et grand-père disait toujours que « ça se mangeait religieusement, parce qu’ici, la palombe, ce n’est pas une culture ou une coutume, c’est une religion ! » Émilienne MORO - Ousse

Fidèle palombe

La chasse à la palombe est, au sein de nos mœurs,
Un art qui réunit de notoires pratiques
Au plaisir qu’accompagne un amas de labeurs
Afin qu’au bois s’érige un lieu pour fanatiques.


Quand le chant du ruisseau se perd dans la forêt,
Que l’arbre du coteau prend ses ors à l’Automne,
Qu’au Levant le Soleil se montre plus discret,
Ne s’endort, pour autant, le monde de la faune.

Octobre le démontre… ; alors que vont les vols
Planer sur le vallon qui mène à la Montagne,
Puis prendre un droit élan pour traverser les Cols
Avant de reposer leurs ailes en Espagne.

Mais, chez Nous, quand l’azur se perle de ramiers,
Oiseaux qu’en mon Béarn on appelle « Palombes »,
Se mettent en cabane : Artisans et Fermiers
Dès qu’une roucoulade ensorcelle les combes.

Des fins de Fructidor aux soirs de Saint-Martin
La sylve, pour beaucoup, est une résidence
Où les gourmands de lit se lèvent bon matin
Pour voir si « Artémis » leur ouvre un jour de chance ?

Nulle prunelle, alors, n’abandonne, un instant,
La voie où va, sans bruit, la belle migratrice
Et même le brouillard le plus exaspérant
Ne sort de son juchoir la vigie de service.

Et lorsque les Chasseurs ne gonflent leurs carniers
Chacun reste serein car, avant l’hirondelle,
Reviendra la palombe hanter prés ou halliers
Pour prouver, si besoin, qu’elle est, vraiment, fidèle.

Édouard Dutilh

Fille de chasseur

Je le revoie son sac de montagne et son fusil, partir dans le petit matin, et le soir rentrer à la nuit tombée, compter une à une avec fierté vingt, quarante, même parfois jusqu’à quatre-vingts palombes et s’asseoir avec un grand soupir pour dénouer sa mante qui cachait une très belle récolte de cèpes. Le soir, avec lui, ses frères se retrouvaient autour du feu dans la cheminée et, là, fusaient tous les récits de la journée, racontant pour chacune d’elles comment il l’avait tuée, sur une branche, une cime, celle-là était jeune, l’autre plus vieille. Ils imitaient même le bruit qu’elles font quand elles se posent, mon oncle imitait même l’aboiement du chien resté en bas dans le cabanon de la palombière. Moi, en rentrant de l’école, je les regardais piquer vers le gave d’Ossau et se poser sur les acacias, tellement il y avait de volées tous les jours. Puisse un jour la sagesse des hommes faire qu’elles reviennent longer nos montagnes et traverser le beau ciel bleu des Pyrénées. Paulette Servat - Eysus

Un ascenceur pour les oiseaux

« Elles ne passent plus depuis vingt ans ! » Ou alors « à côté ». Au Pays Basque, dans l’autre vallée, dans l’autre village, sur l’autre colline... Ou même au-dessus de l’arbre d’à côté ! Oui, on peut voir chez nous des forêts dont presque chaque tronc est doublé d’une échelle plus ou moins édentée qui débouche là-haut sur diverses planches affublées de fougères miteuses. « Les palombes se sédentarisent. Elles traversent par l’ouest. Elles passent par la mer ». Mais alors pourquoi ces trois précieuses semaines de congés au mois d’octobre ? Pourquoi ces six mois de week-ends de travaux de construction, réparations, élagages, améliorations, inventions ? Pourquoi toute cette énergie à l’élevage de pigeons, à la capture et au dressage de bébés palombes nourris au biberon et douillettement molletonnés dans des boites à chaussures sur l’étagère de la cuisine ? Si les changements dans le comportement de l’oiseau bleu semblent indéniables, ceux du paloumayre innovant s’avèrent immenses. La tradition s’est enflée de modernité. Lequel s’adapte le plus à l’autre, au contexte, aux nouvelles habitudes ? Finies les cabanes sommaires et inconfortables, brinquebalantes de bric et de broc, échevelées de quelques végétaux de camouflage, finis les appeaux secoués à la main. Place à l’eau, au gaz et à l’électricité, au tableau de bord électronique, au moteur d’essuie-glaces recyclé, au bien-être et à la technique. Et le grand-père qui ne peut plus y aller malgré « l’ascenseur » ! Tout le jour, les bras croisés sur le dossier de sa chaise, il guette les vols devant le perron de la maison. Et au fait… pourquoi ? Juste pour le souvenir de la magie du rare vol qui se pose dans son froufroutement incomparable ? Élisabeth J