mardi 6 décembre 2011

Ecrivons les palombes

Octobre, mois des travaux d'automne au jardin. Je sarcle, je taille, je ratisse: j'ai la tête vers la terre, mais je la lève souvent vers le ciel, côté nord: je les attends. A chaque souffle de vent encore tiède, des feuilles sèches tombent, rappelant qu'elles ne vont pas tarder, elles, les PALOMBES !
Je consulte les bulletins de météo. Ils sont tous concordants: après-demain, la pluie arrive, poussée par le vent du nord. Donc, c'est demain qu'elles vont passer, précédant le mauvais temps en s'aidant des courants favorables vers le sud.
J'irai les voir au sommet des collines du Piémont d'Oloron. Les fougères ont rouillé, les bogues de châtaignes tapissent les sols secs d'un été sans fin. Je scrute vers le nord, patiemment.
A l'horizon, un nuage ardoise gonfle; il s'étire, se rétrécit, miroite vers le bleu cendré. Hòu, hilh de pute ! ce sont ELLES ! Mille, deux mille, je ne sais pas. Je sais seulement qu'elles sont à l'heure et qu'elles suivent leur rail séculaire vers les chênes de la Dehesa ibérique.
Je pense aux plus jeunes, nées en Scandinavie, dont c'est la première migration. J'imagine leurs efforts de marathoniens, sous la pression du mauvais temps qui les presse et de la chasse qui les oppresse.
Moi, mon plaisir, c'est de les voir passer ... simplement de les voir passer ... et d'attendre leur retour quand les bourgeons de mars auront éclos. Puissent les enfants de mes petits-enfants s'émouvoir à regarder passer encore ... et encore ... la Palombe Bleue ...

Écrit à Ledeuix, le 13 octobre 2011.
François Rebillard
64400 Ledeuix.

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